Avoir 20 ans et des poussières

Avoir 20 ans et des poussières dans les années 2010, ça veut dire quoi au juste ? C’est la question que se sont posés, tout l’été sur France Culture, deux jeunes journalistes de 25 et 29 ans, Olivia Müller et Tanguy Blum, avec leur émission justement nommée « 20 ans et des poussières ». Qui est-elle cette jeune génération ? Qu’est-ce qui la définit ? La différencie de ses aînés ?

A travers leur série d’émissions estivales, le duo d’animateurs a traité de « La tentation de l’individualisme », de « La fête comme rapport au monde », de « L’utilisation du corps » ou encore « Du travail à la consommation, un rapport au matérialisme revisité ». Des titres un peu pompeux à la France Culture, je vous l’accorde, mais qui cachent finalement des thèmes aussi simples et universels que le passage à l’âge adulte, la réussite, le bonheur, le rapport au temps, la sexualité, la relation entre les générations – entre autres. Les analyses sont souvent justes et les propos sincères, loin des clichés habituellement véhiculés sur « les jeunes ».

Chacune des dix émissions démarre par une savoureuse bulle sonore, photographie radiophonique de notre génération dite « Y ». S’en suit un entretien d’une vingtaine de minutes avec deux invités, tantôt chercheurs, tantôt artistes et pour la majorité ayant eux-mêmes moins de 30 ans. Des jeunes pour parler des jeunes donc. Mais c’est aussi là que réside, à mon humble avis, la faiblesse de cette émission, les invités n’étant pas tous de qualité égale. Ainsi l’émission « Un nouveau langage » s’avère passionnante grâce à Michel Serres ; là où celle sur « Le recyclage de la culture » est un peu plus poussive. Enfin, l’émission se termine sur les propos enrichissants d’une personnalité plus âgée – comme Sonia Rykiel par exemple.

Alors bien sûr, le duo de journalistes et leurs invités ne prétendent pas faire le tour de la question de la « GenY » en cinq heures de radio mais apportent une multitude d’éléments de réponse qui aident à saisir les contours de cette jeunesse dans la vingtaine. Une sorte d’auto-psychanalyse générationnelle des plus efficaces !

Et, cerise sur le gâteau, la musique du générique, « One day » de Asaf Avidan, est juste excellente !

J’ai pris beaucoup de plaisir à écouter cette brillante émission que vous pouvez réentendre ici !

Belle journée et bon WE !

I like Europe, do you?

Oui, j’aime l’Europe. Et (heureusement) je ne suis pas la seule. Car c’est aussi le cas de Caroline Gillet et Aurélie Charon, deux jeunes journalistes qui sont allées cet été à la rencontre, aux quatre coins du Vieux Continent, de ceux qui aiment l’Europe. Cela a donné une série de 9 reportages radio diffusés chaque dimanche à midi sur France Inter intitulés justement « I like Europe ».

Leur propos : partir à la rencontre de jeunes européens qui croient encore en cet idéal, contrairement à certains de leurs aînés. Et comme elles le disent si bien dans le générique du tout premier épisode : « Il y a un jour où l’on a tous été Berlinois, un jour où l’on s’est tous senti Sarajéviens, l’été dernier on était tous Norvégiens. Cet été, on sera Européens, on ira au-delà de la monnaie, de la crise et des institutions pour rencontrer ceux qui ont vingt ans et qui font bouger le Vieux-Continent. On a choisi Olso, Tallinn, Berlin, Liverpool, Séville et Sarajevo pour embrasser le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, l’histoire et le futur. On ne parle pas la même langue mais on a en commun des auteurs, des films, une culture, l’envie de ne pas être une génération perdue et de lutter contre les extrémismes ». Voilà qui est dit !

En une cinquantaine de minutes, chaque épisode aborde un thème différent parmi lesquels « Je ne parlerai plus jamais de la guerre », « Je ne vivrai pas comme mes parents » ou encore « Je déciderai de ma vie ». Les questions des études, de la famille, de l’avenir ou encore des racines, des questions universelles finalement, sont traitées de façon croisés avec le thème de l’Europe. Les deux journalistes nous emmènent faire la connaissance d’une jeune artiste à Sarajevo, d’un militant d’extrême droite et de sa meilleure amie d’extrême gauche à Liverpool, d’un entrepreneur et d’un jeune politicien à Oslo, d’un futur prête à Tallinn ou encore d’un tout jeune papa à Berlin. Des portraits éclectiques et enrichissants d’où ressort l’unité d’une génération qui se pose les mêmes questions, a les mêmes attentes, craintes et désirs et surtout partage le même sentiment d’être européen.

Bref, bien montés, proposant de belles rencontres invitant au voyage, je vous conseille vivement l’écoute de ces beaux reportages. Et pour ne rien gâcher la sélection musicale est savoureuse (d’ailleurs j’adore le générique) !

Le dernier reportage est diffusé ce dimanche mais vous pouvez tous les réécouter ici (perso, je charge les podcasts sur mon iPhone pour pouvoir les écouter quand je veux/peux).

So, I like Europe, do you ?